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Les petits pas des cadres seniors vers l’emploi

par Théo Haberbusch [27ème promotion].
Article publié le mercredi 22 février 2006.
 
Des initiatives originales pour aider les cadres seniors à retrouver un emploi se multiplient. Qu’elles soient le fait d’associations, d’institutionnels ou d’entrepreneurs privés, elles se développent dans un contexte de discrimination à l’embauche envers les plus de 50 ans.

Que font des quinquagénaires chômeurs en costume-cravate au milieu des stands de Pollutec, le salon parisien des professionnels de l’environnement [1]. ?

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Gerard Robert : « Les offres d’emploi sur internet ou dans les journaux, c’est du pipeau ! »

« Nous cherchons des emplois cachés chez les exposants », révèle Gérard Robert, 58 ans, président d’Action des cadres pour le développement des entreprises (ACDE) et secrétaire général de la Fides (Fédération interrégionale pour le développement de l’emploi des seniors).

Cet ancien chômeur de longue durée, qui vient de créer son entreprise, s’est démené pour obtenir un espace gratuitement. « Je troque des conférences contre des stands comme ici ou au salon aéronautique du Bourget », raconte-t-il fièrement.

« Les offres d’emploi, c’est du pipeau ! »

Face aux difficultés des seniors - que l’OCDE [2] définit comme les travailleurs de 50 ans et plus - pour trouver du travail en France, Gérard Robert propose une stratégie : « Les cadres doivent rencontrer les chefs d’entreprise dans leur milieu, notamment lors des salons. »

Il affirme en effet que « les offres d’emploi sur internet ou dans les journaux, c’est du pipeau ! Selon des études, 94% des embauches se font par le relationnel et ne passent pas par des annonces. »

Quelque 900 cadres au chômage ont déjà bénéficié des services de l’ACDE avec, selon son président, une belle réussite. « Nous découvrons entre 30 et 70 postes à pourvoir sur chaque salon et 70% de nos membres reprennent une activité », assure-t-il.

Des chiffres étonnants sachant qu’après 12 mois de chômage, seuls 4 cadres sur 10 de plus de 45 ans accèdent à un emploi et que, plus généralement, seuls 36,8% des 55-64 ans en occupaient un en 2003 [3] . Face à une situation aussi difficile, les associations ne sont pas seules à se mobiliser. Depuis mars et pour un an, l’ANPE, l’Apec et l’Unédic expérimentent Etap’carrière, un service d’aide au retour à l’emploi des cadres.

« Les volontaires de 45 ans et plus sont orientés sur le dispositif Etap’carrière dès leur inscription à l’Assédic. Le programme associe entretiens individuels, ateliers et groupes de suivi », décrit l’ANPE dans un communiqué.

Difficile d’en savoir plus, les différents partenaires refusant de s’exprimer sur le sujet avant son terme [4]. Cependant, une première tendance est fournie par un document confidentiel de l’Assédic Alsace daté du 20 octobre. A Strasbourg, 123 cadres ont profité du dispositif. Et 36 d’entre eux ont décroché un emploi, en majorité des CDI. Après les associations et les institutionnels, quelques entrepreneurs privés se lancent sur le marché des seniors au chômage.

Une exception française

C’est le cas de Christophe Mosca, 34 ans, fondateur du portail d’offres d’emploi seniorjob.fr. Son site, ouvert le 17 novembre, a déjà reçu 6000 visites et possède 300 CV enregistrés, essentiellement de cadres au chômage.

Ce Marseillais se présente comme un « défenseur de l’équilibre jeunes-anciens dans l’entreprise » et veut « aller à contre-courant » de la tendance actuelle des patrons français qui rechignent à embaucher des seniors. « C’est une folie, estime Christophe Mosca, car les jeunes quittent les entreprises qui les forment. Alors qu’un senior embauché vers 45 ans y restera jusqu’à sa retraite. »

Pour séduire les employeurs, Christophe Mosca multiplie les démarches auprès des directeurs de ressources humaines ou des réseaux d’intérim. Sans grand succès. Le site n’a reçu que 22 annonces de postes à pourvoir. « Le problème est psychologique. Quand vous les interrogez, les patrons ne savent même pas pourquoi ils refusent les plus de 50 ans. C’est devenu une habitude ! », se désole Christophe Mosca.

En revanche, il reste persuadé que le futur lui donnera raison. « A partir de 2006, les départs à la retraites seront tels que les jeunes diplômés ne suffiront pas à combler les besoins. Même si elles ne le veulent pas, les entreprises vont devoir engager des seniors. »

Un point de vue à nuancer. « Entre 2006 et 2010, la baisse de l’offre de travail sera trop modeste pour avoir un impact important. L’augmentation de la proportion de seniors en emploi dépendra davantage des perspectives de croissance de l’économie, du niveau du chômage et des politiques mises en œuvres que de la démographie », écrit Pierre Marioni de la Dares .

Christophe Mosca ne se démonte pas pour autant. « Si nous avions voulu être rentables tout de suite, nous n’aurions pas commencé en France ! Bientôt, nous ouvrirons des sites en Allemagne et au Québec, où il n’y a pas cette culture de la non-intégration des seniors. Nous y aurons de bien meilleurs résultats », prévoit-il.

Une observation confirmée par l’OCDE, qui rappelle que « sur la période 1994-2004, le taux d’activité des seniors a augmenté » dans presque tous les pays membres. Or la France est l’un des rares pays où ce chiffre est en baisse.

Les seniors de l’hexagone ont encore une longue marche à accomplir avant de trouver le chemin de l’emploi.


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[1] Il se tenait du 29 novembre au 2 décembre à Paris-Nord Villepinte

[2] Vieillissement et politique de l’emploi, Organisation de coopération et de développement économiques, oct 05.

[3] Source : Accroître l’emploi des seniors, Dares, janvier 2005.

[4] Après nous avoir fixé un rendez-vous pour assister aux ateliers de travail et rencontrer des bénéficiaires du dispositif, les responsables du site de la Défense ont reporté la rencontre à une date indéterminée.



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