Ses 18 ans de métier et ses centaines (milliers ?) de reportages n’ont pas émoussé l’enthousiasme de Dorothée Olliéric. Cette journaliste, grand reporter à France 2, se réjouit de chaque nouveau départ en mission. Elle a su se forger une carapace pour travailler dans des conditions parfois très difficiles.
Tailleur veste-pantalon noir, chemisier coordonné, maquillage discret... Dorothée Olliéric pourrait passer pour un cadre supérieur qui évolue dans les milieux financiers. Pourtant, contrairement à ce que suggère son apparence, cette quarantenaire goûte peu à la vie de bureau. Son élément : les pays lointains, en conflit si possible. Non, Dorothée Olliéric n’est pas légionnaire mais grand reporter pour France 2. Toutefois, si elle pouvait tout recommencer, elle se verrait bien en... militaire. « Je me sens assez bien dans l’élément kaki », confesse-t-elle.
C’est en 1994, au Rwanda, en plein génocide, qu’elle a découvert quelle était capable de tenir le coup face aux atrocités. Depuis, elle continue de s’y confronter. Bosnie, Tchétchénie, Angola, Algérie, Afghanistan, Congo... A chaque fois, elle s’est accrochée à sa mission : diffuser l’information. Elle n’est pas pour autant indifférente au spectacle de l’horreur. C’est lors de ses retours à Paris qu’elle le digère. Le sommeil de Dorothée Olliéric est agité. « Je rêve souvent de bombardements », explique-t-elle. Et même dans ses cauchemars, elle parvient à relativiser : « Je dis à mon mec (lui aussi présent dans ses rêves) : ne t’inquiète pas, c’est juste des obus de 180 ! ».
Le machisme, c’est dépassé
Lors de ces expéditions, elle ne s’est pas sentie gênée d’être une femme. Dans les pays islamiques, « une fois que tu as compris que les hommes ne te regardent jamais dans les yeux, ça se passe bien, tu peux toujours poser tes questions », observe-t-elle. La journaliste ne peut reprocher à ses collègues masculins d’être machos. Elle estime que les femmes sont désormais bien acceptées sur le terrain. « Ce n’est pas moi qui ai ouvert la route. Ce sont de femmes de la génération précédente comme Martine Laroche Joubert, chez nous, ou Marine Jacquemin chez TF1... Pour elles, ça devait être dur d’être une femme », admire-t-elle.
Elle n’a pas toujours été aussi audacieuse. « Quand j’étais étudiante, je devenais toute rouge dès que je devais faire un truc toute seule », se rappelle Dorothée Olliéric. A sa sortie de l’IPJ, en 1990, elle a décroché un stage à France 2. A force de persévérance, elle est parvenue à convaincre. Et ça dure depuis 18 ans. Son expérience lui inspire un conseil pour les futurs journalistes : « Il faut batailler ! ».
Marine Aubonnet
Julie Peyrard