Pourquoi les produits de haute technologie aiment-ils tant le rose ?
Jean-Louis Bischoff. Le rose, c’est du blanc et du rouge. Comprendre ce phénomène suppose de connaître la symbolique de ses deux couleurs. Le blanc symbolise à la sagesse. Le rouge, à l’énergie, à l’amour divin. Le rose renvoie donc à la bonne santé mentale, à la régénérescence de l’homme. C’est pour cette raison que beaucoup de boîtes de médicaments contiennent du rose. Une fois qu’on a dit ça, l’adoption du rose par les nouvelles technologies ne paraît plus très étonnante. Ce nouvel habillage traduit la promesse d’un nouveau monde, d’un nouveau mode d’être au monde, d’un désir clair d’aller de l’avant.

Cette promesse concerne-t-elle que le secteur du high tech ?
Non, elle intervient dans le cadre plus large d’un réenchantement du monde. Il s’agit d’un rejet de la rationalité froide et utilitariste de la modernité. L’émergence du rose reflète le retour de valeurs féminines (et non, le retour de la féminité. Les mecs en ont marre du tout l’ego !). Le rose pourrait faire signe vers l’ultra-modernité, une modernité critique d’ele-même, qui ferait plus place à l’accueil.

L’usage systématique du rose n’est-il pas infantilisant ?
Ce phénomène est équivoque. Un abus du crescendo de rose peut s’achever dans l’infantilisme. La symbolique de la couleur rose est elle-même ambiguë. Le rose renvoie à la régénérescence mais aussi au cucul la praline, au niais. C’est la couleur des éditions Arlequin, des Bibliothèques roses...

Propos recueillis par Marine Aubonnet

*Tribus musicales, spiritualité, et fait religieux : Enquête sur les mouvances rock, punk, skinhead, gothique, hardcore, techno, hip-hop. (Broché)