Le comédien Stephen Colbert, originaire de Caroline du Sud, a annoncé lors de son émission, le 16 octobre dernier, qu’il allait briguer la présidence américaine dans son état natal, avec un double étendard - fait inédit -, républicain et démocrate.
Stephen Colbert est une star du petit écran américain : humour potache façon
Les Nuls, ton faussement révérencieux d’un Karl Zéro, et goût pour le grand n’importe quoi et le poil à gratter à la Jules-Edouard Moustic. Il est le cadet d’une famille catholique de onze enfants du sud des Etats-Unis. Colbert commence par prendre des cours d’art dramatique. Il débute professionnellement comme doublure de Steve Carell (« The Office ») dans la troupe de théâtre
Chicago.
Mais c’est son personnage d’envoyé spécial dans la parodie de journal télévisé « le Daily Show » de Jon Stewart qui le fait connaître au grand public. En 2005, il quitte cette émission (la plus regardée aux Etats-Unis dans la catégorie « news ») pour créer la sienne « le Colbert Report », autre farce politico médiatique.
Caricature des présentateurs sur FoxNews
Avec son look de jeune cadre dynamique, Stephen Colbert incarne dans ces deux émissions satiriques un journaliste pro-républicain, caricature de certains présentateurs comme Bill O’Reilly sur FoxNews. Dans son discours au dîner annuel de la presse à la Maison Blanche, il y a un an, il a fait ainsi l’apologie de FoxNews : cette chaîne « qui donne toujours les deux versions d’une histoire, celle du président et celle du vice-président ». Ce numéro n’avait pas seulement fait grimacer le président Bush mais aussi les journalistes, dont Colbert avait salué le travail : « Nous, Américains, ne voulons rien savoir et vous avez la courtoisie de ne pas essayer de fouiller. »
Le 16 octobre dernier, à 23 heures, plus d’un million d’Américains rient des facéties du « Colbert Report ». Stephen s’interrompt, prend son air de jeune premier soigné : « Après environ quinze minutes d’examen de ma conscience, je vous ai compris et je déclare officiellement que je suis candidat à l’élection présidentielle ! »
13% des voix
Stephen Colbert entendait concentrer ses efforts sur la Caroline du Sud, où il est né et où les démocrates et les républicains tiendront des primaires présidentielles en janvier. L’objectif était de remporter au moins un délégué pour la convention nationale démocrate, qui détermine le candidat officiel du parti. L’institut américain de sondage Rasmussen a mesuré début novembre l’effet Colbert : à titre de candidat indépendant, l’animateur de 43 ans récolterait 13% des voix dans une éventuelle course à trois, avec la démocrate Hillary Clinton et le républicain Rudy Giuliani.
C’est que la « Nation Colbert », nom qu’il donne au pays auquel il s’adresse quatre soirs par semaine sur la chaîne câblée
Comedy Central, est densément peuplée. La candidature de Stephen Colbert, une des 100 personnalités les plus influentes du monde selon le magazine
Time, fait couler beaucoup d’encre, et affole la blogosphère.
Les autres candidats se sont inquiétés
Le groupe « 1.000.000 for Stephen Colbert » , créé au lendemain de la candidature sur le réseau social
Facebook a réussi à rallier plus de 1.500.000 membres, à une vitesse de près de 100 membres à la minute
(NDLR : la plus forte progression sur ce nouveau site en vogue). A titre de comparaison, le groupe de soutien à Barack Obama, créé il y a 9 mois, est aujourd’hui à 397 000 membres. Le buzz est énorme : on peut télécharger sur Internet la pétition de soutien à la candidature de Stephen Colbert ou acheter des t-shirts sur
son site.
Les autres candidats se sont inquiétés. Le staff de Barack Obama aurait exercé des pressions pour empêcher le candidat Colbert de se présenter aux primaires en janvier.
Pressions sur le comité exécutif du parti démocrate qui a pour l’instant rejeté la candidature de Colbert, considérée « à risque ». Colbert refuse par ailleurs de payer les 35 000 dollars réclamés par le parti Républicain pour une inscription sur les listes des primaires. Reste la voie du candidat indépendant : « le write-in candidate » à la Ralph Nader en 1992.
Car nombreux sont les jeunes Américains qui attendent de leur Coluche une nouvelle pirouette pour ravir la Maison Blanche ou du moins continuer à tourner en ridicule les autres candidats et le reste de la campagne présidentielle. Et ce, de l’intérieur.