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Thomas Dandois : côtoyer le danger sans le courtiser.

par Camille Choteau [29ème promotion], Bérénice Dubuc [29ème promotion].
Article publié le mercredi 2 avril 2008.
 
A 31 ans, Thomas Dandois est JRI pour Camicas Productions. A peine dix ans après sa sortie de l’IPJ, il a déjà exercé son métier dans des zones aussi dangereuses que la bande de Gaza, la Somalie, le Kosovo, ou le Darfour. Mais c’est au Niger, en décembre dernier, qu’il a réellement pris conscience des risques. Fin janvier, il est venu raconter cette expérience difficile aux étudiants de l’IPJ.

Le 17 décembre dernier, alors qu’il effectue un reportage pour Arte au Niger avec Pierre Creisson, Thomas Dandois, JRI pour Camicas Productions, est arrêté.
Rentrés dans le pays par les lignes aériennes régulières, Thomas et son collègue ont obtenu visas et voiture en prétextant un reportage sur le H5N1. En fait, ils veulent montrer ce qui se passe vraiment entre touaregs et armée nigérienne dans le nord du pays, interdit aux journalistes depuis août 2007. Ils passent donc plusieurs jours avec les rebelles touaregs. Alors qu’ils retournent vers la capitale, Niamey, ils tombent dans une embuscade de l’armée nigérienne, sont arrêtés et emprisonnés. Accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat, ils risquent la peine de mort pour avoir pris contact avec la rébellion touareg.

Flirt avec le danger

Aux accusations de Nicolas Sarkozy les traitant de "journalistes irresponsables", Thomas rétorque "Je suis toujours intimement convaincu qu’en tant que journaliste, on doit savoir flirter avec la ligne jaune. Les endroits où l’on nous interdit d’aller sont toujours ceux où il se passe quelque chose d’intéressant."
Thomas ne nie pas avoir pris des libertés avec la législation. "Mais j’ai toujours agi raisonnablement. La seule erreur commise, c’est d’avoir conservé les rushes en retournant à Niamey. Je ne suis pas un chien de guerre ou une tête brûlée."
C’est d’ailleurs alors qu’ils rentraient à Niamey pour recueillir l’avis des dirigeants nigériens que Thomas, Pierre et leur chauffeur Al Hassane Abdourahmann, ont été arrêtés. "Nous voulions avoir les deux versions de l’histoire. Mauvaise idée. Du coup, peut-être que la prochaine fois, on n’interviewera qu’une seule des parties concernées pour éviter de se mettre en danger... C’est désolant."

L’enfermement, une angoisse inimaginable

Mais la déclaration du président de la République perturbe le journaliste : "J’ai entendu ça du fond de la prison. Je me suis pris un gros coup de massue. Je me suis dit : Là, c’est mal barré, l’Etat français nous lâche. Ca m’a fait remonter l’angoisse du début, que tout le monde nous oublie."
Car même si Thomas et Pierre sont traités comme "des prisonniers VIP", le camp pénal de Kollo à 20 km au sud de Niamey, n’est pas un camp de vacances. Et surtout, ils sont emprisonnés.
"C’est ça le pire. On réalise seulement au moment où on est enfermé que la perte de liberté peut être aussi angoissante. Avec le recul, un mois de détention, ce n’est pas énorme. Enfin, quand on le sait dès le début." Une pointe d’humour pour exorciser ce mauvais souvenir.

De retour, et déjà presque reparti

Les deux journalistes ont été remis en liberté le 18 janvier, contre une caution de plus de 15 000 euros chacun, et sont rentrés en France le lendemain, même s’ils sont toujours inculpés de tentative de coup d’état au Niger.
Une dernière frayeur, pourtant, alors qu’ils sont déjà assis dans l’avion prêt au décollage : "La passerelle qui venait de s’éloigner de l’avion est revenue, et elle ramenait des militaires... J’ai cru que c’était pour nous, qu’on allait retourner à Kollo." Mais les soldats ne font que régler un problème technique, et repartent rapidement. L’avion quitte Niamey. Al-Hassane Abdourahman, qui était inculpé de "complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat", a quant à lui été remis en liberté le 22 janvier.
A peine dix jours après leur retour, Arte leur commandait déjà un nouveau reportage, sur le Pakistan cette fois. "Pierre a décidé d’y aller. Pour moi, la question se pose encore. Avant, j’avais le sentiment que j’étais seul face au danger. Là-bas, je me suis rendu compte que c’était faux : ma famille, mes amis, tout le monde était impliqué."
Une nouvelle façon d’envisager les choses quand la question de repartir se pose. "Comme me l’a dit Tony Comiti, on a le même état d’esprit qu’un pompier : on sait que c’est dangereux, mais on y retourne toujours parce qu’on sait que les gens sur le terrain ont besoin de nous."
Du coup, c’est certain, Thomas retournera au Niger. Le contact est tellement bien passé avec les gardiens de la prison qu’il envisage un reportage sur le camp pénal de Kollo.

Bérénice Dubuc

Camille Choteau


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