Qu’est-ce que la communauté du libre ?

Fabien. « C’est l’ensemble des personnes, informaticiens et entreprises, qui utilisent des logiciels libres sur leur ordinateur dans le cadre de leur activité personnelle ou professionnelle. A l’origine, on fabriquait des programmes, et on donnait la recette qui allait avec. C’est-à-dire les sources - un texte qui accompagne le programme binaire - que les utilisateurs pouvaient modifier pour apporter des changements au logiciel. Mais avec la concurrence et le marché des technologies informatiques, les plus grosses boîtes (Microsoft, Apple) ont commencé à vendre leurs logiciels, mais en empêchant toute modification, les sources n’étant plus vendu avec. Mais quelques illuminés ont décidé de continuer de produire des logiciels similaires à ceux présentés par les grosses entreprises, mais en langage libre. »

Quels genres de logiciels / programmes ?

« - Par exemple, Microsoft Office, la suite bureautique qui contient les logiciels traditionnels Word, Excel et PowerPoint. En langage libre, ça se traduit par Open Office, qui contient également des outils de traitement de texte, tableur, présentation, table de données. C’est une véritable révolution. Il est vrai que pour des logiciels plus professionnels, de musique ou de montage, les logiciels fermés restent les références. Mais pour une personne lambda, on se satisfait très bien du "libre". Il y a aussi Firefox de la fondation Mozilla qui est une alternative à Internet Explorer, suivi de Thunderbird pour concurrencer Outlook. »

Cela fait-il de l’ombre à Microsoft ?

« - Evidemment, il y a tout l’aspect commercial. La firme de Bill Gates détient près de 80 % du marché. Il sait que tout le monde peut utiliser ses programmes. Aujourd’hui, presque tous les ordinateurs sont équipés du noyau Windows. C’est ce qui sert d’interface entre le matériel et les programmes. La plupart des dossiers envoyés sont des ".doc". Pour Mme Michu, ça convient parfaitement. Mais Linux, tête de gondole de la communauté libre, est devenu un noyau de référence en matière de réseau et de communication. Or, Microsoft veut s’attaquer à ce marché. »

Quels ont été les moyens de défense et d’attaque de Microsoft ?

« - Il y a essentiellement les brevets logiciels : ils permettent à ceux qui les ont déposés de demander des royalties à ceux qui utilisent des idées. C’est parfois "dément". Par exemple, la croix qui sert à fermer un programme quand on clique dessus... Ca n’a pas demandé des années d’études ! La firme, sous couvert de protection de la propriété intellectuelle, va breveter tout et n’importe quoi. C’est un frein à la libre concurrence, à toute utilisation, et à la création. Tout cela pour garantir ses parts de marché et continuer d’appâter le grand public qui n’y connaît pas grand chose sur les alternatives à Microsoft, ou même Apple. »

Un accord a été signé le 2 novembre dernier entre Microsoft et Novell, un des distributeurs de Linux. Va-t-il mettre fin à cette bataille ?

« - Cet accord porte sur l’interopérabilité entre les deux systèmes d’exploitation. Ça veut dire beaucoup de choses. Mais en somme, c’est un accord de collaboration qui prévoit la création d’un centre de recherche commun afin de permettre aux utilisateurs de faire cohabiter Windows et Linux sur une même machine. Chaque entreprise aura accès au portefeuille de brevets de l’autre. Tandis que Microsoft s’engage aussi à investir pour la promotion des produits Linux de Novell ! Reste que l’avenir de la communauté libre est toujours en suspens : aux Etats-Unis, des lois autorisent les brevets logiciels. En Europe, il en est aussi question. Mais ce serait dommage de mettre fin aux logiciels libres. Ils sont complètement viables, et de nombreuses entreprises fonctionnent grâce à eux. La gendarmerie se sert d’OpenOffice, et les députés vont suivre en 2007. »