« Quels journaux pour demain ? ». Pour l’ouverture du Congrès de la presse française, le 22 novembre, les lauréats d’un concours demandant à des enfants d’inventer le futur de la presse présentent leur projet dans l’hémicycle du Parlement Européen. Des élèves français imaginent s’informer entièrement gratuitement. Ils subissent immédiatement les critiques d’un patron de presse alsacien. L’information gratuite ne peut, selon lui, être de qualité.

« En Suisse, en France, en Espagne, c’est la qualité éditoriale qui a fait des journaux gratuits un énorme succès », se défend Kjell Aamot, créateur de 20Minutes. Les attaques sur ses contenus, le patron norvégien ne cesse de les entendre depuis le lancement de son quotidien gratuit. Le succès ne les a pas fait taire. Mais même pour le leader européen de la presse gratuite, l’information payante a un avenir. « La presse traditionnelle doit changer, souligne Kjell Aamot. Il y a de la place pour des produits de niche comme le Financial Times ou les Echos. »

Effets de niche

David Guiraud, directeur général du groupe Les Echos, ne s’en cache pas, le gratuit ce n’est pas pour lui. « Une information à forte valeur ajoutée payée uniquement par la publicité, c’est illusoire, explique-t-il. Nous sommes dans un modèle économique où les abonnements payants pour le papier ou pour le Web sont en croissance. La formule qui gagne le plus de lecteurs est une formule à 365€ l’année donnant accès à tous nos contenus web. »

Selon un sondage réalisé par Ipsos Médias, spécialement pour le Congrès de la presse, 47% des lecteurs affirment que l’information disponible gratuitement ne leur suffira pas. Cet effet de niche, cette proportion de lecteurs prêts à ouvrir leur porte-monnaie pour une information complète et pointue représente peut-être l’avenir de la presse. Même le site Internet du Monde, où l’on peut consulter gratuitement la quasi-intégralité du quotidien du soir, en profite. Et Bruno Patino, président du Monde.fr, d’annoncer pour février l’augmentation du prix de l’abonnement au journal en PDF, de 5 à 15€ par mois.