20 ans que l’association L’enfant@l’hôpital aide les enfants hospitalisés à sortir de leur isolement par le biais de l’informatique. Une activité en plein essor depuis 8 ans et l’arrivée de stagiaires des grandes écoles d’ingénieur.
Ils ont la bosse des maths et étudient dans les prestigieuses écoles Polytechnique ou Normale Sup. Julien, Antoine, Gaëtan, Emmanuel... Comme eux, une dizaine d’étudiants délaissent les paillasses de leur laboratoires et deviennent pour un an les petites mains de l’association Enfant@l’hôpital, fondée il y a 20 ans. Informaticiens confirmés ou non, ils apportent des ordinateurs au chevet d’enfants gravement malades et les aident à sortir de leur univers hospitalier. Pour cette association, l’ordinateur représente une alternative à la télévision omniprésente dans les chambres d’hôpital. Aux étudiants d’assurer l’alpha et l’oméga de la chaîne informatique : du développement à l’exploitation du logiciel de l’association en passant par sa configuration.
Emmanuel Pellereau, polytechnicien spécialisé en télécommunication, a développé Kanari, premier outil de travail partagé par internet de l’association. « Quand j’ai débuté mon stage, Kanari marchait moyennement, se souvient-il. Il fallait régler les problèmes techniques : créer les adresses mail, débuguer le logiciel, obtenir les codes d’accès au réseau de l’hôpital pour connecter un portable sur Internet... En dehors de ces problèmes techniques, j’ai installé Kanari dans différents services et formé les instituteurs hospitaliers à l’utiliser. » Cette partie technique est une des missions des stagiaires. Ils créent également le contenu de ce logiciel. « Pour rédiger les fiches métiers du logiciel, j’ai rencontré un éboueur et un conducteur de métro », rapporte Antoine Lafargue, 24 ans, polytechnicien spécialisé en chimie et économie.
Kanari ou sa nouvelle version, Kolibri sont des prétextes. « L’ordinateur permet d’engager une conversation, précise Antoine Lafargue. Certains enfants veulent se confier, mais il faut créer un climat de confiance. Une fois, un ado de 13 ans m’a demandé « est-ce que tu crois que je vais mourir. » J’ai parlé franc-jeu avec lui. On a discuté longtemps de la vie, de la mort, de la sexualité. »
Pour les élèves de l’X, le stage dure huit mois. Huit mois pour « appréhender le monde réel » selon l’expression du Lieutenant-Colonel Denis Chevignard, commandant de la promotion 2003 de l’Ecole polytechnique. Une expérience éprouvante pour Antoine Lafargue. « A la fin je faisais cauchemar sur cauchemar. Beaucoup des enfants à qui je rendais visite sont décédés. » Les malades donnent aussi une leçon de courage. « La première fois que je suis entré dans le couloir des chambres sous flux de l’hôpital Debrousse à Lyon, je me suis dis « Mince, ça existe les enfants très malades. Pour entrer dans ces bulles stériles, j’ai du enfiler une tenue de cosmonaute, sans pouvoir toucher les petits malades. »
Les étudiants ont permis de créer un réseau important en métropole. Dans les années à venir, l’association devrait « exporter » ses méthodes en Europe. Une étudiante italienne est venue renforcer l’association cette année.
Données-clés
L’association L’enfant@l’hôpital a été créée en 1986 par Anne Dunoyer de Segonzac
Elle est présidée par Vincent Ferrand, ancien stagiaire polytechnicien
L’association intervient dans 50 services pédiatriques auprès de 3000 enfants
Prix et distinction :
Prix Planète citoyenne 2005
Plus de 4.000 lecteurs de l’hebdomadaire La Vie et auditeurs de France Info ont choisi L’enfant@l’hôpital comme lauréat du deuxième Prix Planète citoyenne.
Prix On Demand Community 2005
Pour la deuxième fois, l’association "L’enfant@l’hôpital" est lauréate du prix 2005 On Demand Community, décerné par les salariés d’IBM.
Prix mondial de la création de contenu Internet contre l’exclusion 2005
Prix décerné sous l’égide de l’ONU et de l’UNESCO dans le cadre du SMSI (Sommet Mondial de la Société de l’Information)
Prix pour l’action humanitaire de Madame Figaro 1999