L’informatique, Guillaume a attrapé le virus tout petit. Alors que d’autres jouent encore aux Lego, c’est à cinq ans qu’il pianote pour la première fois sur le clavier d’un ordinateur, le Apple II de son père. Aujourd’hui, Guillaume, 23 ans, suit un master 2 de multimédia interactif mention médiation culturelle à la Sorbonne (Paris I). Et ce jeune homme, sorte de fils caché d’Harry Potter avec son visage poupon et ses lunettes rondes, ambitionne de devenir chef de projets multimédia.

Le cheveu court, de la même couleur que sa veste de velours marron, il parle avec assurance. Il a confiance en lui et ça se sent. Cela fait plus de dix ans qu’il crée des sites sur Internet. Une expérience qui lui a permis d’acquérir un solide bagage technique. D’ailleurs, s’il poursuit ses études, c’est davantage pour obtenir un bac + 5 que pour combler d’éventuelles lacunes. Et puis, c’est l’occasion de parfaire son réseau, un plus quand on veut être son propre patron.

En attendant le moment du grand saut, Guillaume cherche sans cesse l’idée qui fera sa fortune. Ce qu’il aime, c’est créer. En ce moment, il n’a pas moins de cinq projets en cours d’élaboration. Mais ce qui lui prend le plus de temps, c’est krinein.com. Comme son nom l’indique - krinein c’est critiquer en grec -, il s’agit d’un site de critique culturelle multithématique qui embrasse aussi bien les livres que les jeux vidéos, le cinéma que les mangas.

Au commencement c’est, comme souvent, une histoire de potes. Il y a quatre ans, Guillaume, son frère et un de leurs amis, Nicolas, en ont marre de faire des petits sites pour parler de leurs hobbies. Ils veulent retrouver l’esprit des pionniers, le partage des connaissances. Et c’est tout naturellement que les compères s’orientent vers la critique culturelle.

Le site se met en place doucement... jusqu ’à ce que leurs critiques acidulées du phénomène Loft Story leur offre une audience inespérée. Depuis lors, le succès ne se dément pas. Le site affiche actuellement une audience de 12 000 visiteurs par jour. Une gageure quand on sait que le site n’est le fruit que de bénévoles. Une situation qui risque de poser problème à court terme. Victime de son succès, le site a atteint une taille critique. Et un changement de fonctionnement sera sans doute inévitable à moyen terme, avec en ligne de mire une éventuelle professionnalisation.

Quand on lui parle de la blog-mania, il répond un rien distant : « J’ai du mal avec les blogs. » Pour lui, l’utilisation actuelle constitue un dévoiement de l’outil. La possibilité de mettre facilement en ligne des contenus offre un espace de liberté précieux, mais « si c’est pour mettre ses états d’âme en ligne, je ne vois pas l’intérêt. Ça peut même être malsain. » Et d’ajouter : « Ça pollue un espace qui devrait servir à échanger des connaissances. »