L’École des Mines a publié un palmarès mondial des établissements d’enseignement supérieur. Plus le nombre de dirigeants d’entreprises issus d’une université est élevé, plus celle-ci obtient un meilleur rang dans le classement. Un système qui permet aux grandes écoles françaises, comme Polytechnique ou HEC d’occuper les meilleures places... A l’inverse de nos facultés.
Cinq grandes écoles françaises dans le top 10 mondial des établissements d’enseignement supérieur. C’est ce que révèle une étude menée par l’École des Mines, publiée il y a quelques semaines. Ce classement concurrence celui de l’université Jiao Tong de Shanghaï... Celui-là même qui relègue tous les ans les établissements français loin derrière les prestigieuses universités anglo-saxonnes.
« Le palmarès réalisé par les Chinois ne se base pas sur les mêmes critères que les nôtres, se justifie Benoit Legait, directeur de l’École des Mines. Il est axé sur les performances des établissements dans le domaine de la recherche : prix Nobel, médaille Fields en mathématiques, nombre de publications... Notre classement hiérarchise universités et écoles en fonction de la réussite professionnelle de leurs anciens étudiants. » Ou plutôt, d’une très infime partie d’entre eux. A savoir, ceux qui sont devenus les dirigeants des 500 plus grandes firmes mondiales, classées par le magazine américain Fortune en fonction de leur chiffre d’affaire.
Le principe du classement des Mines est simplissime : les établissements qui ont le plus de diplômés à la tête de ces firmes sont les mieux classés. A ce jeu, les Français sont meilleurs qu’en matière de recherche. Derrière le trio de tête Harvard-Tokyo-Stanford, Polytechnique vient pointer à la 4ème place, immédiatement suivi par HEC. Science Po, l’ENA et les Mines occupent les 8ème, 9ème, et 10ème place. Devant Oxford (11ème) et Cambridge (60ème).
Si les grandes écoles sont si bien classées, c’est parce que les meilleures entreprises françaises sont imperméables aux dirigeants étrangers issus d’autres universités européennes, américaines ou japonaises. « Il faut relativiser ce constat, objecte Benoit Legait. Nous exportons également des PDG français issus de nos écoles. Et celles-ci forment aussi quelques dirigeants de nationalité étrangère. »
Seulement cinq universités françaises classées
Il n’y a que cinq universités françaises en revanche dans le classement des Mines. La première - Paris-Dauphine - n’arrive qu’en 60ème position. Les plus hautes fonctions, dans les firmes françaises, ne sont réservées qu’aux diplômés de grandes écoles. « En France, décrypte Bruno Legait, les formations d’excellence en management et en ingénierie ne sont pas dispensées dans les facultés.
L’université tient davantage à ses formations en sociologie... Mais ces études ne permettent pas de diriger une firme. » Cette absence des universités est due aux écarts budgétaires entre elles et les grandes écoles, pourrait-on penser... « Ce palmarès, rappelle le directeur de l’école des Mines, se base sur des résultats, et non sur des moyens, ou des données fournies par les établissements. C’est ce qui nous rapproche du classement de Shanghaî. » Bruno Legait souhaite collaborer avec les auteurs de celui-ci pour réaliser un palmarès prenant en compte à la fois les performances des établissements en matière de recherche et de débouchés dans le monde économique.