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"Le Chinois" à l’heure du verdict

par Georges Brenier [27ème promotion].
Article publié le mercredi 1er février 2006.
 
Sans surprise, Jean-Claude Bonnal a été condamné à la prison à perpétuité le mardi 31 janvier. Retour sur une journée sans fin

11h20. Dans le box, les six accusés sont désormais livrés à leur sort. La présidente de la Cour d’assises du Val-de-Marne, Janine Dray, leur a donné à chacun la parole, une dernière fois. Un à un, ils présentent leurs excuses aux familles des victimes, les yeux dans les yeux pour certains, la tête basse pour d’autres. Tous, sauf un : Jean-Claude Bonnal. "Le Chinois", qui est le dernier à s’exprimer, se contente de demander aux jurés "d’être justes, d’écouter la voix du bon sens et du coeur et de ne pas se laisser influencer par qui que ce soit". Les jurés sont escortés, à eux désormais de délibérer. Ils devront répondre à 309 questions.

17h00. Le hall du palais de justice se remplit peu à peu. L’huissier avait prévenu : "Revenez en fin d’après-midi". Les journalistes sont là, nombreux, caméra à l’épaule, micro à la main. Les parties civiles patientent elles aussi, assises sur l’unique banc, autour d’un café, les yeux rivés sur leur montre. Jamais bien loin, les familles des prévenus se sont elles aussi donné rendez-vous. Les deux camps s’observent, se dévisagent. Les minutes, les heures passent, toujours rien. "S’ils mettent autant de temps, c’est que la peine sera sévère" s’avance une femme, sans la moindre hésitation.

21h00. Les yeux sont rouges de fatigue. Les journalistes se relaient à tour de rôle pour s’acheter de quoi manger sur le pouce. Pas question de rater le verdict pour une bête pause sandwich. Les avocats sont au grand complet. Représentants de la défense comme des parties civiles, enfin réunis du même côté, font les cent pas, avant de faire une courte sieste dans la salle qui leur a été ouverte. L’un d’eux est persuadé que "ça tombera avant minuit".

00h00. Toujours rien. La nuit s’est installée depuis longtemps, son silence glacial aussi. Certains badauds abandonnent, de peur de rater la dernière rame du métro. Des policiers en civil font petit à petit leur apparition dans l’enceinte du tribunal, à côté de CRS déjà très nombreux. Voilà déjà treize heures que les neuf jurés sont partis délibérer.

02h00. Une rangée de policiers entre à toute vitesse dans la salle de la Cour d’assises. Ca y est, le signal est donné, le verdict va tomber. Les familles des victimes sont les premières à entrer, suivies de peu par celles des accusés. Au 1er étage, le banc de la presse est plein à craquer. Les minutes passent, interminables, dans le silence le plus total.

02h15. La cour est au complet. Les six accusés, l’air abattu, s’installent une dernière fois dans le box, sous forte protection. La présidente donne les réponses données par les jurés aux 309 questions, auxquelles plus personne ne semble prêter attention. Debout, les bras croisés, Jean-Claude Bonnal, lui, les écoute attentivement, hoche la tête, lève les yeux au ciel. Les peines tombent, des plus légères au plus lourdes : 8 et 15 ans de prison pour les trois jeunes reconnus coupables d’avoir cambriolé un pavillon au Plessis-Trévise, un cambriolage à la fin duquel deux policiers seront tués. 25 ans pour Hakim Bouhassoune, le seul à avoir reconnu sa participation au braquage du restaurant Le Fontenoy, à Athis-Mons, "une caisse" , comme l’a dit Bouhassoune, qui s’est terminé en quadruple homicide. Sans surprise, les deux seuls hommes jugés dans les deux affaires, "le Chinois" et Brahim Titi, écopent d’une peine de prison à perpétuité. Après plus de trois semaines de débats, l’affaire est close. Du côté des proches des accusés, on crie à peines trop lourdes, "juste pour avoir fait des conneries". "Justice !" leur répondent les familles des victimes, qui sont escortées par les CRS, à l’abri des caméras et d’éventuelles représailles à la sortie du tribunal. L’air de ne pas y croire, les accusés ont du mal à quitter leur boxe,jettent un dernier regard vers un proche, lancent un dernier mot à un avocat. "Vous n’avez qu’à mettre une guillotine dans la salle ! " hurle Titi à la présidente, qui ne l’écoute déjà plus. Bonnal hausse les épaules, ne comprend pas : "Quinze heures de délibérés pour entendre ça !...Ils sont morts, ils sont morts, c’est dommage, mais c’est pas de ma faute..."


A écouter sur le podcast Ipjmag : Les reportages radios autour du procès Bonnal


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