Après le Bondy Blog, voici le Neuilly Blog. Pour casser les préjugés de la banlieue de la France d’en-haut.
« Auteuil, Neuilly, Passy, c’est pas du gâteau. Auteuil, Neuilly, Passy, tel est notre ghetto ». La première fois que Blaise Hoffman, journaliste et écrivain suisse, entend le nom de Neuilly, c’est dans ce sketch des Inconnus. Depuis une semaine, la chic banlieue parisienne est devenu son ghetto à lui. Observateur 24 heures sur 24 - il dort à Neuilly - il alimente le Neuilly Blog (www.neuillybondyblog.fr) d’anecdotes, de témoignages, de perles, amassés au gré de ses déambulations.
Le Neuilly Blog, c’est la suite du Bondy Blog. Ou plutôt son faux frère jumeau. A l’automne 2005, Serge Michel, journaliste au magazine suisse l’Hebdo, persuade quelques collègues de couvrir les émeutes urbaines françaises de l’intérieur. En s’installant en banlieue. Pendant trois mois, des reporters de la Suisse voisine se relaient dans un local de Bondy. Quelques centaines d’articles en ligne plus tard, ils confient leur blog aux habitants de la banlieue qui continuent d’écrire sur leur quotidien. « Et pourquoi ne pas le faire aussi pour la banlieue de la France d’en-haut ? », a proposé récemment Serge Michel.
Slims-ballerines et service-nœud pap
Alors dans la pénombre du Café Durant Dupont, place du Marché à Neuilly, Blaise Hoffman rédige son exploration du Jardin d’acclimatation ou une rencontre impromptue avec le candidat à la mairie, David Martinon. « Ici, la bière coûte cinq euros, mais c’est l’un des rares endroits où je peux me connecter à Internet », confie le journaliste. Autour, les slims-ballerines jacassent en silence et le service-nœud pap maintient l’échine droite. « Neuilly, c’est le monde de la discrétion », décrit Blaise. Pas évident de faire parler cet univers. Pour le Suisse qui avait déjà participé au Bondy Blog, l’expérience neuilléenne est plus compliquée : « les gens sont méfiants, ils se protègent de ce que l’on peut raconter sur eux ».
Les racketteurs de Pasteur
Le Neuilly Blog veut dépasser les fantasmes et les préjugés au sujet de Neuilly. Bien sûr, on trouve des grands crus à 250 euros dans les supermarchés, des cours de golf pour les enfants de six ans. Mais entre la boutique Agatha et celle d’Hermès, l’objectif de Blaise, c’est de débusquer la personne ou la situation qui ne colle pas à l’image de Neuilly, et qui pourtant en est la réalité. Objectif atteint mardi 15 janvier, par exemple, avec le témoignage de deux racketteurs qui officient devant les grilles du lycée Pasteur.
Blaise ne reste que deux semaines et demi. Après, le blog sera probablement repris un premier temps par les bondybloggeurs en attendant la création d’une rédaction proprement neuilléenne.
Interview de Blaise Hoffman par Olivia Fabresse et Julie Peyrard :