Laurent Audouin est tête de liste des Verts dans le 5ème arrondissement à Paris, face à Jean Tibéri (UMP, maire sortant), Lyne Cohen-Solal (PS)... Il ne croit pas beaucoup à la droite écologiste, tout du moins celle de Tibéri et Sarkozy. Il est candidat dans un arrondissement où les Verts ont un vrai rôle à jouer : les habitants y sont très intéressés par les questions environnementales.
Même s’il sait que les Verts "n’est pas le meilleur parti pour se faire élire", Laurent Audouin espère réaliser "un score à deux chiffres" lors des prochaines élections municipales.
Qu’avez-vous pensé du Grenelle de l’environnement ?
Au début, il m’a inspiré de la méfiance. Puis de l’espoir. Enfin, ce Grenelle m’a dépité. Je ne crois pas au "Sarkozy écolo". Sur la forme, c’était très bien. Réunir toutes ces associations a permis aux ONG et même aux Verts de clarifier leurs positions sur de nombreux points. Mais des sujets essentiels comme le nucléaire et l’agriculture ont été occultés.
De plus, les engagements pris sont vagues. Par exemple, Nicolas Sarkozy a déclaré la création d’un moratoire sur les autoroutes. Dès le lendemain, Dominique Bussereau (secrétaire d’État chargé des transports) annonçait la création de 150 km d’autoroutes dans le Sud de la France... C’est pareil sur les OGM. Le Président décrète un moratoire sur les organismes génétiquement modifiés. Ce moratoire tient pour cet hiver. Il n’y aura donc pas d’OGM semés pendant cette période. Très bien. Mais la prochaine semée n’aura lieu qu’après l’hiver ! En gros, avec ce moratoire, on dit aux agriculteurs : « Ne semez pas d’OGM, même si de toute façon, vous ne comptiez pas en semer. » C’est un peu bidon.
Vous êtes candidat dans le 5ème. Cet arrondissement est-il enclin à parler d’écologie ?
Quand je suis arrivé, j’ai trouvé que le 5e ne sentait pas beaucoup l’écologie, malgré la présence du jardin des Plantes et du jardin du Luxembourg pas très loin. En plus, c’est un quartier où l’écologie est implantée historiquement. Brice Lalonde (ancien secrétaire d’État puis ministre de l’environnement entre 1988 et 1992) y a fait ses premières campagnes. René Dumont, fondateur de l’écologie politique, habitait dans le 5ème. Puis les choses se sont tassées.
Il faut dire que l’on a un maire, Jean Tibéri, qui ne comprend rien à la lutte pour l’environnement. J’ai rencontré lors d’un dîner sa femme Xavière. Quand je me suis présenté, elle m’a dit, le plus sérieusement du monde : « Oh mais vous savez, avec Jean nous faisons beaucoup d’écologie. Nous avons mis des fontaines partout. » Voilà, c’est ça l’écologie pour les Tibéri...
Mais les habitants de l’arrondissement, eux, ont conscience des problèmes liés à l’environnement. Il y a beaucoup de magasins et de restaurant bio dans le quartier. Il y a une vraie disponibilité pour l’écologie. Après, il faut la traduire politiquement.
Et justement, quels sont vos objectifs dans cet arrondissement ?
C’est difficile d’avoir un objectif précis car notre score dépendra beaucoup de la dynamique parisienne et nationale. Je ne me sens pas obsédé par l’élection. Mon but n’est pas d’arriver, mais de faire quelque chose. Être élu n’est pas un objectif prioritaire, c’est un moyen. Les Verts n’est pas le meilleur parti pour se faire élire. Mais il dit des choses justes. Nous espérons tout de même un score à deux chiffres. Bien sûr, je suis plus jeune que Lyne Cohen-Solal ou Jean Tibéri, et moins médiatique qu’Aurélie Filippetti, la candidate des Verts en 2001. Mais j’espère que les électeurs ne m’en tiendront pas rigueur.