Sur Internet, l’humour et le détournement ont le vent en poupe. Lors de la dernière campagne présidentielle, des sites « anti-candidats » étaient apparus, jouant sur leur ressemblance avec les pages officielles des prétendants tout en y délivrant un message opposé. Par la suite, le détournement de vidéo est devenu un loisir très prisé sur le net où abondent les apprentis doubleurs débitant des propos humoristiques ou décalés sur des images bien connues de tous. Depuis quelques mois, les internautes s’attaquent à présent à leur propre univers en tournant en ridicule un site devenu un véritable phénomène : Facebook

Outil anti-social

Facebook est un site dit « communautaire », où chaque membre se crée un réseau d’amis et peut communiquer avec l’un deux. Plus de 70 millions d’internautes l’utilisent régulièrement pour communiquer avec leurs proches, leur envoyer des photos ou encore y retrouver des connaissances perdues de vue depuis longtemps. En passe de devenir un vrai phénomène de société, Facebook compte néanmoins de plus en plus de cyber-détracteurs. Ces derniers se sont regroupés sous la bannière d’un certain “Docteur Evil”, créateur du site Hatebook, qui se veut l’exact opposé de Facebook. Alors que Facebook regroupe des amis et leur permet de sympathiser avec des inconnus, en fonction de leurs affinités ou loisirs répertoriés dans leur profil, Hatebook classe ses membres en fonction des choses ou personnes qu’ils n’aiment pas.
Même le graphisme du site reprend point par point son illustre ainé en remplaçant la célèbre couleur bleue du site par un rouge sanguin. Le site se définit lui-même sur sa page d’accueil comme « un outil anti-social qui vous déconnecte des choses que vous détestez ». Le décor est planté. Vous êtes ensuite amené à créer votre profil en répertoriant vos dégouts, vos haines. Un compteur tourne en permanence, indiquant vos « points de hain », qui augmentent en même temps que vos ennemis. Bien sûr, il est recommandé d’inviter vos rivaux dans la rubrique prévue à cet effet, après leur avoir expliqué l’objet de vos griefs. L’internaute peut également rejoindre des « groupes haïssants », comme celui des ennemis de Céline Dion, de ceux détestant se lever tôt le matin, les anti-fumeurs ou bien sûr, le site Facebook. Certains messages, souvent très second degré, sont de véritables monuments humoristiques.

Un bon thermomètre de popularité

Si le concept de Hatebook séduit au premier abord (les sites où l’internaute peut se défouler ne sont pas légion), il reste toutefois limité passé les premiers moments. Les fonctionnalités du site sont très réduites et l’anonymat général (plus pratique quand il s’agit de se faire des ennemis) tue le concept dans l’œuf. Hatebook reste toutefois un bon thermomètre servant à mesurer l’impopularité d’une chose ou d’une personne dans le temps, rendant plus perceptibles les états d’âme de la web communauté. Un petit tour dans l’univers des professionnels de la critique s’impose donc.