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Star et académie

par Anne-Laure Fremont [29ème promotion].
Article publié le dimanche 18 novembre 2007.
 

On ne badine pas avec le bleu, rue des Pyrénées. Quand je sors de chez moi, le bleu d’encre, académique, officialise le nom des rues et des arrondissements. La plaque « Passage Dieu » toute neuve refroidit un mur décrépi. Le bleu vous traque, vous rappelle sans cesse où vous êtes et où vous allez, de l’Impasse gros à la station de métro Maraîchers, en passant par la rue des Orteaux. Il encadre avec droiture les devantures d’Axa assurances ; il interdit aux passants de stationner, les exhorte à payer leur stationnement au parcmètre, les contraint à acheter des préservatifs Durex à l’entrée du métro. Par lot de trois, obligatoirement. Cabinet de radiologie, supermarché Lidl, et son uniforme que portent les caissières qui sortent fumer une cigarette, panneau « Mairie de Paris », combiné de cabine téléphonique, enseigne du couturier « Retouche express » : le bleu ne propose pas : il ordonne. « Consommez, soyez prudents, communiquez, soyez citoyen, prenez un taxi, soignez votre apparence ». Froid et solennel, Il s’impose comme ces portes d’immeubles anciens, et il dédaigne les pantalons en jean délavé qui défilent devant lui, pressés par ses injonctions.

Mais à la nuit tombée, le bleu se travestit sans pudeur. Il devient vulgaire. Des néons bleus ‘flashy’ prennent la forme de robinet ou de clé, pour indiquer l’enseigne du plombier serrurier. Ceux des coiffeurs -qui font aussi vendeurs de DVD- inondent les vitrines où se nattent les tresses, où se raidissent les brushings des starlettes du soir. Le bleu des sacs plastiques traîne, éventré, puant, au pied des arbres. Celui des sirènes de police beugle en passant à toute allure. L’affiche du concert de « 50 Cent » et la peinture bleu métal des scooters se reflètent sur les vitres des voitures. Les vieux papiers de sucette « goût cola », incrustés dans le trottoir, se pavanent sous la lumière des lampadaires. En levant les yeux, on aperçoit l’enseigne d’un bar, « Le piano bleu »... éclairée de rouge...Le bleu n’est plus où on l’attend, le soir, rue des Pyrénées.


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