Le succès des Guignols français tient au fait qu’il n’épargne rien ni personne... L’hebdomadaire américain Time, excédé par la façon dont les Guignols français traitaient du 11 septembre, de Bush et de Ben Laden, avait affirmé que dans n’importe quel autre pays, une telle émission aurait été arrêtée. Les Guignols à l’étranger n’ont jamais égalé le succès français. En effet, ils ont rencontré des obstacles qui les ont forcés à s’éclipser des petits écrans.

C’est de l’émission britannique « Spitting Image » (de to spit qui signifie embrocher ou cracher) que les Guignols de l’info français se sont inspirés. Diffusé à partir de 1984, le programme avait pour personnages centraux Margaret Thatcher montrée comme tyrannique et masculine et Ronald Reagan, présenté comme un obsédé sexuel et un idiot. Mais avec l’arrivée de John Major et Bill Clinton sur l’avant-scène politique du Royaume-Uni et des Etats-Unis au début des années 1990, « Spitting Image » a perdu ses cibles favorites et sa popularité a décliné jusqu’à son arrêt en 1996.

En Espagne, le programme « Las noticias del guiñol » (Les nouvelles du guignol) a été lancé en septembre 1995. Mais le ton n’est pas assez mordant. De plus, la famille royale reste un sujet tabou, ce qui n’était pas le cas dans la version anglaise.

En Russie, les Guignols s’appelaient « Kukly » (Les poupées). Ils étaient féroces du temps de Boris Eltsine. Mais une fois arrivé au pouvoir, Vladimir Poutine a exigé que sa marionnette soit retirée. Des Guignols sans marionnette de président, ça perd de sa saveur. Imaginez les Guignols sans Chirac ! Et après le rachat de la chaîne de télévision privée NTV par Gazprom (entreprise sous contrôle étroit de l’appareil d’Etat russe), les « poupées » russes ont disparu de l’écran... Les journalistes sont quant à eux en prison.