Abandonner son livre préféré dans un lieu public afin que quelqu’un le trouve, le lise et le libère à son tour. Voilà le concept du bookcrossing, une activité littéraire d’un nouveau genre.
« Faire du monde une bibliothèque ! », tel est l’objectif du bookcrossing annoncé sur son site internet. Le bookcrossing, en français, le « passe livre », est sans doute le plus grand club de lecture du monde. Une sorte de chasse au trésor à l’échelle planétaire...aux règles bien particulières. Le visiteur doit d’abord enregistrer un livre sur le site bookcrossing.com. Il reçoit pour chacun un numéro d’identité à reporter à l’intérieur de l’ouvrage. Ce numéro permet de tracer leur itinéraire au fur et à mesure qu’un livre est découvert. Son nouveau propriétaire peut ensuite se connecter pour renseigner la date et l’endroit de sa trouvaille et de la libération.
Aurélia, 23 ans, a été confrontée récemment au bookcrossing dans un train au Pays de Galles. « Sur le siège devant moi, un livre était assis tout seul ! Et comme par hasard, c’était le « Da Vinci Code » que je comptais acheter. Je l’ai attrapé, croyant être une voleuse, jusqu’à ce que je remarque l’étiquette sur la couverture qui expliquait le fonctionnement de ce livre "voyageur". J’ai trouvé l’idée géniale et je suis tout de suite devenue membre ! ». Alain, 35 ans, est, lui aussi, un jeune bookcrosseur. Il s’est inscrit sur le site après avoir lu un article dans le Nouvel Observateur il y a quelques mois. « Très vite un membre m’a guidé et j’ai pu enfin "lâcher" mon premier livre dans le métro », explique t-il. Le mois dernier, Alain a lâché "Les saisons de la nuit" de Colum Mc Cann, afin de faire connaître l’auteur. « Je relâche aussi beaucoup sur mon lieu de travail, à Roissy Charles de Gaulle. Je lâche là où les navigants attendent, préparent leur vol pour que les livres voyagent mais jusqu’à maintenant aucun retour ! », déplore t-il.
Pour faire connaître ce mouvement, les membres organisent de nombreuses manifestations aux noms pas très évocateurs. Il y a les MBC (Mega BookCrossing), le dernier a eu lieu en juin au parc Montsouris. Les adeptes construisent « des arbres à livres », arbres sur lesquels les livres sont suspendus comme des fruits ; des « bancs à livres » où ils étalent les livres relâchés. « On peut aussi participer à des bookrings, explique Aurélia. Ce sont des chaînes de livres entre membres, envoyés par la poste. A la fin le livre retourne à son propriétaire ».
Inventé par Ron Hornbaker en 2001, le "bookcrossing" a déjà fait des milliers d’adeptes à travers le monde. Cet Américain s’est inspiré des modèles de PhotoTag.org et Where’sGeorge.com, qui suivent la trace d’appareils photo jetables et de billets de banque sur Internet. Le site Bookcrossing.com revendique 25 millions de pages vues par mois.
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