Depuis la défaite des républicains aux élections de mi-mandat(congrès), ainsi que le rapport de James Baker sur la situation en Irak,tout le monde s’attendait à un retrait des forces américaines dans ce pays du Golfe. Georges Bush en a décidé autrement. Explications en trois questions.
• Quels sont les principaux points de la nouvelle stratégie américaine en Irak annoncée par Georges Bush le 10 janvier dernier ?
Alors que la majorité de la population américaine attendait un retrait des troupes d’Irak, le président américain, au contraire, a annoncé l’envoi de 21 500 soldats supplémentaires. Ces forces acheminées au fil des prochains mois, ont pour but de sécuriser Bagdad et la province d’Al Anbar,(où se trouve Fallouja). Selon George Bush,« pour pouvoir se retirer plus tard, il faut d’avantage de soldats maintenant ».
Ces mesures militaires sont accompagnées d’une aide financière pour créer des emplois. Il s’agit d’accorder des micro-crédits pour les entrepreneurs irakiens, et de financer des projets de reconstruction.
Ces actions sont conditionnées par des objectifs que devra remplir le gouvernement chiite de Nouri Al Maliki, notamment pour assurer la sécurité du pays. En effet, les luttes interconfessionnelles entre sunnites et chiites sont violentes à Bagdad, et les rebelles se confondent parfois avec l’armée chiite.
• Pourquoi les démocrates et une partie des républicains ont-ils réagi négativement à cette annonce ?
Le groupe d’études sur l’Irak dirigé par James Baker, le secrétaire d’état de George Bush père, préconisait le retrait des troupes d’ici le premier trimestre 2008, et un dialogue avec l’Iran et la Syrie, pour régler le problème régionalement. George Bush a opté pour un renforcement militaire.
132 000 soldats sont déjà sur place, et 3005 sont morts depuis 2003. Plus de 65% des américains sont opposés à l’envoi de nouvelles troupes en Irak.
Une grande partie des élus démocrates du congrès s’élèvent contre cette stratégie qu’ils qualifient « d’escalade », dont la sénatrice démocrate Hillary Clinton.
Plus étonnant, 49 sénateurs républicains s’y sont aussi opposés. Le sénateur républicain du Nebraska Chuck Hagel, candidat potentiel à l’élection présidentielle de 2008, s’est même joint à un groupe de démocrates pour une résolution qui s’oppose à l’envoi des troupes. Les membres du congrès vont devoir se prononcer par vote sur la stratégie de George Bush. Cependant, la nouvelle représentante démocrate du congrès, Nancy Pelosi, a déclaré qu’elle votera tout de même le budget militaire. « Je ne veux pas qu’on coupe les vivres aux soldats qui sont déjà sur place », a-t-elle déclaré. Les dissensions au sein du « Grand Old Party » pourraient bien déstabiliser et décrédibiliser après la défaite aux élections de mi-mandat.
• Cette stratégie sera-t-elle efficace pour ramener la paix en Irak ?
Rétablir la paix semble très difficile, même avec plus de 21 000 hommes en renforts. La guerre civile entre chiite et sunnite éclate dans tout le pays, et la présence des américains augmente la fureur des rebelles.
Selon les spécialistes militaires, pour faire changer la situation, il faudrait un demi million de soldats en plus.