Pour « segostop.com » , après la grippe aviaire, c’est la « Ségolite », la nouvelle maladie contagieuse dont il faut se méfier. Et il n’y a qu’un seul moyen de vous en sortir indemne : savoir reconnaître « la maladie » (Ségolène Royal et ses idées), « les transmetteurs » (politiques et célébrités qui soutiennent la candidate), les « zones à risque » (Assemblée Nationale, Région Poitou-Charentes) et les « antidotes » (les ordonnances des docteurs de « ségostop »).

Segostop.com propose de vous guérir de la "Ségolite"

Simpliste, le site est construit selon la bonne vieille bipolarisation droite/gauche à la française : sur la colonne de gauche, sont recensés les « dangers » que représentent la gauche et sa candidate ; à droite, les « antidotes » proposés par les rédacteurs du site, eux-mêmes... de droite. On trouve en effet à l’origine du projet, sept personnes, toutes dans l’équipe des jeunes de l’UMP. Aujourd’hui, le site rassemble une petite dizaine de rédacteurs, pour la plupart des fondateurs ainsi que des membres ou des sympathisants (une cinquantaine rien que sur Paris) et des « docteurs » dans 29 départements.

Pour des idées mais pas pour un candidat ?

À Segostop.com, vous l’aurez compris, on est de droite. Donc, on y défend des idées ...de droite. Et un candidat de droite ? « Non ! » clament les rédacteurs du site. Ah bon ? Tous les prétendants à la présidentielle ne sont pourtant pas adoubés. Jean-Marie Lepen ? Philippe De Villiers ? « Extrémistes, nous ne défendons pas ces idées ». Nicolas Dupont-Aignan ? « Nous ne partageons pas son point de vue sur l’Europe ». Le but n’est donc pas de promouvoir untel ou untel mais bien de faire « chuter Ségo ». D’accord, mais pour mettre qui à la place ? Faites le calcul. À droite, pour les ségostoppeurs, il n’y a que deux présidentiables : Nicolas Sarkozy ou François Bayrou. Le site ne veut donc donner aucune consigne de vote mais défendre des idées. Idées elles-même incarnées par... un candidat.

Raphaël Cognet, entourés des "docteurs" parisiens, Julie et Jean-Baptiste

Raphaël Cognet, l’un des fondateurs du site, insiste pourtant, « si nous sommes tous de droite, nous ne sommes quand même pas d’accord avec tout ce que dit l’UMP ». Exemple ? « Nous sommes contre le service civil obligatoire ». Oui, mais la candidate socialiste vient justement d’annoncer qu’elle aussi, est contre, (NDLR : malgré le fait que ce soit une proposition incluse dans le projet socialiste voté par les militants en juin 2006). Qu’à cela ne tienne, réplique Raphaël Cognet, « si Ségolène Royal est définitivement contre le service civil obligatoire, les articles la critiquant sur ce point seront supprimés ».

Concentrés sur le fond

Du côté du contenu, tout est pensé pour être com-pré-hen-si-ble. « On veut donner des arguments à un type de droite pour qu’il sache comment contrer un type de gauche » explique Jean-Baptiste, l’un des « docteurs » parisiens. Pour cela, les gaffes répétées de la candidate depuis le début de l’année, « nous aident bien » reconnaît Raphaël Cognet. Pour autant, pas question de relayer les ragots sur la vie du couple Hollande-Royal, « nous préférons rester concentrés sur le fond ». Un chapitre recense par exemple les discours de la candidate socialiste à l’Assemblée Nationale. Pas de forum non plus, « trop difficile d’y éviter les dérapages et la diffamation ». Et le site fait beaucoup réagir. Depuis novembre, 350 000 visiteurs l’ont parcouru. Pour Raphaël Cognet, un « succès illustré par l’abondance des participations spontanées ». Pas question pour autant de diffuser un article rédigé par un militant de gauche. Segostop.com veut attaquer la candidate socialiste « par la droite, mais sûrement pas par la gauche ».

Mais est-ce la candidate Ségolène qui dérange ou les idées défendues par son parti ? « Ce n’est pas une campagne personnelle contre Ségolène Royal. Cependant, c’est très marketing de l’axer sur elle, notamment avec ce côté maladie/médicament... De plus, elle est la candidate du parti socialiste, et donc, selon les sondages, l’adversaire le plus important [de la droite]. On dit « stopségo » car on est dans une logique présidentielle, et donc... contre une personne. Même si, un président, c’est aussi une équipe. Donc nous ne critiquons pas que Ségolène Royal, mais aussi, bien sûr, les idées de la gauche en général. » Pourtant, de l’aveu même de Raphaël Cognet, si Ségolène Royal ne passe pas le premier ou le second tour, « le site n’aura plus de raison d’être puisque la candidate Royal n’existera plus ». La gauche, si. A segostop.com, on cherche encore le remède.