A seulement 18 ans, Alexandre Tollinchi est conseiller à la jeunesse auprès de la Mairie de Paris et de l’UMP. Portrait d’un ambitieux.
« Quand on est Corse, on finit soit dans le banditisme soit dans la politique ». Alexandre-Guillaume Tollinchi ne mâche pas ses mots. Et à 18 ans seulement, lui a déjà fait son choix. Ca sera la politique, et rien d’autre. Blazer bleu marine, pantalon beige, mocassins en cuir et cheveux gominés, ce natif d’Aix-en-Provence reçoit sous les ors de la mairie de Paris, entre deux déplacements à celle du XVe arrondissement, où il travaille, comme à l’Hôtel de ville, en tant que conseiller à la jeunesse.
Membre de l’opposition de droite dans le fief de Bertrand Delanoë, « chez lui » dans le XVe que l’UMP gère au quotidien. Rien de bien exceptionnel pour Tollinchi, qui débute cette année des études de droit à la Sorbonne sans avoir encore son baccalauréat en poche, et qui a fait de son blog une véritable tribune politique. 18 ans, un âge où les jeunes préfèrent les salles de cinéma à celles d’un conseil municipal, et les séances de drague en discothèque plutôt que de discuter stratégie politique. « Je n’ai jamais vraiment eu les mêmes rêves que mes copains » reconnaît Tollinchi, un brin de regrets dans la voix.
La politique, il s’y est lancé du haut de ses 12 ans. Candidat au poste de délégué de sa classe de 6e, il n’hésite pas à faire annuler l’élection qu’il vient de perdre en prétextant une irrégularité dans les temps de parole accordés à ses rivaux. « Je refusais de perdre ». Nouveau scrutin et le voilà délégué, un poste qu’il ne quittera plus pendant ses années de collège. Mais Tollinchi voit déjà plus loin. Il intègre à 13 ans le conseil municipal des jeunes d’Aix-en-Provence. « J’avais compris que les billes se jouaient ici, pas dans la cour de récré » se rappelle-t-il. Il rejoint les rangs du RPR, où son combat pour « l’ordre, la famille et l’intiative personnelle » ne sera pas isolé.
« Tout sauf Tollinchi »
Fils d’un célèbre avoué d’Aix, petit-fils d’un conseiller municipal près de Bastia, Tollinchi quitte sa ville natale en 2002 pour Paris, « où il a fallu se battre pour avoir une place ». A peine arrivé, ce fan de Charles Pasqua est pris sous les ailes de Philippe Goujon, actuel président de la fédération parisienne de l’UMP, et rejoint la mairie du XVe, où il a élu domicile. A l’Hôtel de ville, il se fait vite remarquer, en publiant en 2003 dans le quotidien France Soir une tribune qui condamne le manque de transparence du budget jeunesse proposé par la municipalité. Le PS, ultra-majoritaire, propose une motion d’exclusion contre Tollinchi, qui menace lui de se pourvoir en justice. « J’en prends plein la gueule, tant mieux, ça me fait de la publicité » confie-t-il avec malice. Les socialistes scandent « Tout sauf Tollinchi » mais finiront par reculer.
Tollinchi, lui, se fait remarquer au sein de l’état major de l’UMP. Il est reçu par Cécilia Sarkozy, la (toujours ?) femme du ministre de l’Intérieur et président de l’UMP. Candidat à la présidence des jeunes du parti majoritaire, il finit par se retirer de l’élection face à son ennemie jurée, la juppéiste Marie Guénou. Faute d’après lui à une liste électorale pas assez à son goût. Mais « pas question de regarder dans le rétroviseur ». Tollinchi a de l’ambition à revendre. Et s’il affirme tenter de s’éloigner de l’image de « Sarko junior » que lui prêtent les médias, il avoue à demi-mot « préférer être comparé à Sarkozy qu’à Chirac ». C’est décidé, il vouera sa vie à la politique, un milieu où il sait déjà que les coups bas sont monnaie courante. « Je ne me fais pas de soucis, avoue Tollinchi. Beaucoup ont compris qu’il ne vaut mieux pas m’attaquer ». Parole de Corse.