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La menace du porc roumain plane sur la France

par Romain Scotto di Rinaldi [29ème promotion].
Article publié le mardi 15 mai 2007.
 
Et si Justin Bridou troquait son célèbre béret pour une toque roumaine ? Smithfield, numéro un mondial de la production de porcs envisage de délocaliser sa production française vers l’Est.


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D’ici cinq ans, la Roumanie pourrait devenir le principal producteur de porcs d’Europe

Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne, les éleveurs de porcs français sont inquiets. En juin dernier, Smithfield, géant américain de la production de porc, rachetait trois fleurons de la charcuterie française : Jean Caby, Cochonou et Justin Bridou. Implantée en Roumanie, la firme américaine envisage de délocaliser sa production française vers son nouveau site de Timisoara - ville industrielle de Transylvanie située à 50km de la frontière hongroise -, destiné à devenir le plus important d’Europe. « C’est évident que l’on s’inquiète. Si Smithfield s’implante en Roumanie, ce n’est pas pour faire du développement social », ironise Daniel Picart, président de l’association Le Cochon de Bretagne. Il poursuit : « On parle même d’un éventuel plan social sur les sites de production Jean Caby. » La fermeture des usines françaises situées en Bretagne et dans le Nord pourrait menacer l’activité des éleveurs porcins. La direction de Smithfield France, jointe par téléphone, n’a pas souhaité répondre à nos question.

La Roumanie, nouvel eldorado du porc

Smithfield voit très grand. « Ce pays est au centre de notre stratégie européenne », a déclaré Larry Pope, PDG de la firme, lors de la présentation annuelle des résultats devant les actionnaires, le 7 septembre 2006. D’ici à 2011, l’entreprise américaine souhaite élever 4 millions de porcs par an contre 500 000 aujourd’hui. Le choix de la Roumanie n’est pas anodin a précisé Larry Pope : « Notre main-d’œuvre en Europe de l’Ouest nous coûte 20 euros de l’heure contre à peine 2 euros en Roumanie. En Europe de l’Est, on rachète des usines pour une poignée de dollars. » Smithfield attend désormais la levée de l’embargo imposé par l’UE pour transférer sa production. Avec son bâton de berger, Justin Bridou est prêt à s’exiler.

Jonathan Perrot, Julien Jankowiak et Romain Scotto di Rinaldi


L’ogre Smithfield a toujours faim

Numéro un sur le marché français depuis le rachat des groupes Jean Caby, Justin Bridou et Cochonou, Smithfield emploie 1900 salariés dans l’hexagone (52 500 dans le monde), répartis sur les quatre sites de Landivisiau (Finistère), Quimper (Finistère), Saint-Etienne (Rhône) et Saint-André (Nord). Avec près de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006, l’entreprise américaine Smithfield s’impose comme le leader mondial de la production et de la préparation de produits à base de porc. Après avoir conquis 27% du marché outre-atlantique, Smithfield se tourne désormais vers l’Europe. Depuis 1998, le géant agroalimentaire s’est lancé dans une vaste campagne d’acquisition de sites de production et de transformation de viande de porc, de la Grande-Bretagne jusqu’en Roumanie. En 2006, le marché européen a rapporté près de 900 millions d’euros à la firme américaine, soit 10% de son chiffre d’affaires.


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