Pourquoi les messagerie instantanées font-elles fureur auprès des jeunes ?

Avec MSN (messagerie immédiate sur Internet), l’autonomie est presque complète : l’échange est silencieux, facilement dissimulable. Une observation intéressante : alors que l’image et le son peuvent être associés à l’échange écrit (en temps réel), très peu choisissent de converser oralement. Selon les témoignages recueillis, il semble que l’écrit permet pour ces jeunes un échange « plus libre » et à la fois « plus secret ». Des choses « difficiles à dire », « intimes ». « Curieusement, la distance de l’écrit rapproche » me disait une adolescente.

  Pourquoi les adolescents passent-ils des heures sur des chats ou des forums et y a-t-il un danger ?

Il existe des sites où des inconnus échangent avec des inconnus. Ces forums de discussion permettent de jouer avec son identité de façon inédite. Beaucoup s’amusent à y être quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes (c’est-à-dire changent de sexe, d’âge, de statut) pour voir "l’effet que ça fait". Bien souvent, c’est parce que ces rôles ne peuvent pas être réellement joués dans la société qu’ils le sont virtuellement sur Internet où la vie paraît plus gratifiante, agréable ou facile que dans le quotidien social. Et là réside le danger : la satisfaction qu’éprouve alors l’individu peut l’amener à y revenir de façon compulsive et à se couper de plus en plus de sa vie réelle. Attention ! Il ne faut pas pour autant s’affoler parce qu’un adolescent passe une ou deux heures par jour sur Internet ! Il peut y vivre des moments de créativité intenses. Mais, lorsque le seuil des trois heures par jour est dépassé, il faut prendre son comportement comme un signal d’alerte : quelque chose ne va pas dans sa vie "réelle"...

  L’utilisation systématique des abréviations et du language SMS présente-t-elle le risque d’une détérioration de la langue française auprès des jeunes ?

Certains pensent que les SMS et MSN représentent un véritable danger pour l’orthographe et la façon d’écrire de ces jeunes. Effectivement, lorsqu’on lit les messages échangés, il y de quoi être effrayé... Mais, d’un autre côté, il s’agit là d’une ré-introduction tout à fait inattendue de l’écrit dans une société où l’essentiel passe par l’audio-visuel. Beaucoup remplacent des heures passées passivement devant la télé par des échanges épistolaires certes bien loin des canons de l’orthographe et de la syntaxe officiels mais actifs et inventifs. Ces jeunes découvrent le plaisir d’écrire à un moment où on l’attendait le moins !

Francis Jauréguiberry, Les branchés du portable, PUF