« Extrême limite ». Alain Soral semble maîtriser l’art délicat du grand écart idéologique, et peut passer sans transition de l’extrême gauche à l’extrême droite. Sur son site officiel (www.alainsoral.net), ce sociologue et essayiste, auparavant proche du PCF et des idées de Karl Marx, fait à présent l’apologie du Front National et de Jean-Marie Le Pen, « un homme loin de la caricature qu’en font les médias ». Nouveau venu à bord du « paquebot » de Saint-Cloud « et proche de Marine », le matelot Soral ne tarit pas d’éloges sur son capitaine (borgne, comme il se doit) Le Pen : « c’est un personnage entre de Gaulle et Hugo Chavez, avec une dimension révolutionnaire ». Promu conseiller officiel, sa foi de récent converti frôle la dévotion aveugle (« Le Pen a évolué toute sa vie »), voire l’idolâtrie divagante (« Le Pen peut incarner le progressisme »). Et Alain Soral d’espérer que « d’autres gens de gauche rejoignent le FN ».

« Sympathy for the Devil »

Dieudonné Mbala Mbala n’a-t-il jamais été de gauche ? En tout cas, l’ex-humoriste apparaît comme le nouvel ami commun de Jean-Marie Le Pen et d’ Alain Soral. Dieudonné n’a ainsi pas hésité à s’afficher aux côtés du « menhir » frontiste lors de la convention présidentielle “Bleu, Blanc, Rouge” de Jean-Marie Le Pen, le 11 novembre dernier, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Le chantre de la reconnaissance de l’esclavage dit y être venu « en homme libre ». Pourtant, cette « visite spontanée » n’est pas si anodine. Car de nombreuses passerelles existent entre Dieudonné et le Front National. A commencer par Alain Soral. Les deux hommes ont effectué un voyage commun au Liban, l’été dernier, pour dénoncer les bombardements israéliens sur le pays du cèdre. Ils étaient accompagnés de Thierry Meyssan, l’homme de « l’ effroyable imposture », autre adepte des thèses du « complot mondial », catégorie « la vérité est ailleurs ». Le discours écrit par Alain Soral et prononcé par Jean-Marie Le Pen au pied du moulin de Valmy, le 20 septembre dernier, serait même à l’origine de la conversion du comique controversé : « J’ai entendu sa main tendue aux français d’origine étrangère et plus particulièrement aux français d’origine africaine. Il faut arrêter de diaboliser Le Pen. » Et Dieudonné de se justifier par un « virage à gauche » du président du FN : « S’il va à gauche, je ne vois pas pourquoi je ne le suivrai pas ». On est loin du combat contre Marie- France Stirbois à Dreux en 1998....

Menu fretin

Mais Jean-Marie Le Pen n’a pas le monopole des conversions spectaculaires. Marie-Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa peuvent également compter sur de fervents supporters issus du camp opposé. Ainsi, Marc Lambron, écrivain de centre droit, a consacré un livre (« Mignonne...allons voir ») à sa « télévangéliste poitevine » favorite, Ségolène Royal. L’ex- Mitterrandien - tendance groupie - Pascal Sevran a, lui, choisi de rallier Nicolas Sakozy. Tout comme Max Gallo, historien, ex-secrétaire d’Etat et porte parole du gouvernement de Pierre Mauroy, qui pourrait apporter son soutien à Nicolas Sarkozy, après avoir opté pour Jean-Pierre Chevènement en 2002. Mais le revirement le plus spectaculaire pour Nicolas Sarkozy est venu de David Brécourt (l’ex-docteur Baptiste Mondino dans la série « Sous le soleil »), qui affirme haut et fort : « J’ai eu le cœur à gauche pendant des années, mais maintenant on a besoin d’un mec comme lui pour remettre de l’ordre. » Après Doc Gynéco, un autre renfort de poids. Seuls les imbéciles....