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James Graff : "Il est plus facile de sortir du ghetto américain"

par Sabrina Dourlens [27ème promotion].
Article publié le mercredi 30 novembre 2005.
 
(JPG) James Graff, chef du bureau de Time Magazine à Paris, répond aux questions des étudiants de l’IPJ sur les violences urbaines qui ont secoué la France. Le journaliste américain revient notamment sur le traitement médiatique de cette crise outre-Atlantique.

(JPG) Comment se positionne le magazine Time politiquement ?

Time a été le premier news magazine. Il a été créé en 1923 par des étudiants de Yale sur la côte Est, plutôt conservatrice. Mais après la guerre du Vietnam, tout a changé. Le but est désormais de n’avoir aucune ligne politique. En 2004, la personnalité de l’année était George Bush car il a fait l’actualité pour le meilleur et pour le pire.

Comment votre chef aux Etats-Unis voulait-il que vous traitiez la crise des banlieues ?

Pour l’édition européenne, il m’a demandé de faire un article de Une, dans lequel en gros on raconterait des décennies de désespoir dans les banlieues. L’article devait être beaucoup plus court pour la version américaine. La semaine suivante, pour pouvoir aborder le paysage politique en France après les émeutes, on a fait une page sur Nicolas Sarkozy. C’est un personnage intéressant et controversé. Pour moi, il est une ceinture de sécurité pour la France.

Qu’avez-vous pensé de la couverture des évènements par les médias américains ?

Je trouve que le traitement de la crise par les médias américains a été assez juste. C’est le rôle d’un journal étranger de donner une autre vision des choses. Tout le monde a dit que les Etats-Unis en ont trop fait sur les évènements mais en réalité, nous étions face à une sacré affaire. C’est vrai qu’il y a eu quelques dérives de langage. Comme par exemple : « Race riot » (émeutes raciales) alors qu’il s’agit plus de « Rage over exclusion » (rage causée par l’exclusion). Mais nous devons utiliser des métaphores qui seront comprises par nos lecteurs américains. C’est une excuse mais aussi une limitation. Il est vrai aussi que le traitement américain est aussi influencé par la peur de l’islamisme. Ainsi, on a pu lire et entendre le terme « intifada ».

Y a-t-il déjà eu une crise similaire aux Etats-Unis ?

En 1992, il y a eu les émeutes de Los Angeles. On peut faire le parallèle avec celles de la France car elles ont été déclenchées dans les deux cas par un excès de violence de la police. A L.A., quatre officiers de police ont été accusés d’avoir tabassé un conducteur noir. Lorsqu’un jury principalement composé de blancs les a acquittés, L.A. a explosé. Des centaines d’habitants, principalement des jeunes hommes noirs et latinos ont pris part à des pillages, des incendies criminels. Mais, la comparaison s’arrête là. Les armes circulant facilement, les émeutes avaient fait une cinquantaine de morts.

Comment gérez-vous le problème de l’intégration aux Etats-Unis ?

En partie par l’ « Affirmative action » (la discrimination positive). Mais je ne pense pas que les solutions américaines puissent être appliquées en France. Dans notre pays, nous avions 30 millions d’esclaves qui étaient désavantagés d’office par la loi et qui ont dû attendre des années avant d’obtenir les droits civiques. On a en quelque sort été obligé de faire de la discrimination positive. Mais en France, tout est différent, je comprends pourquoi cette méthode va à l’encontre des idéaux de la République.

Finalement, est-il plus facile de vivre dans les banlieues américaines ou françaises ?

Les immeubles de banlieues sont tout de même plus agréables à vivre en France. A Chicago, par exemple, le projet de logement « Robert Taylor’s house » était une immense barre d’immeuble. Aucune bonne impulsion ne pouvait y survivre. Ils ont décidé de tout détruire pour reconstruire des petites unités. Cependant je pense qu’il est beaucoup plus facile de sortir du ghetto américain. On peut démarrer dans un endroit insalubre mais ensuite trouver un métier et s’en aller. Quelles sont les opportunités en France ? Il y a un grave problème de mobilité sociale.

Que pensez-vous du système politique français ?

Il est beaucoup trop lent et rouillé. Le paysage politique ne se renouvelle pas assez vite. C’est toujours les mêmes personnes avec les mêmes discours. Le pays est trop centralisé. Et il y a un gros décalage entre le discours des élites politiques et des gens dans les banlieues. Même dans les villes les plus défavorisées et les plus colorées, tous les maires sont blancs et « Français de souche » ! Ca ne se passe pas comme ça aux Etats-Unis.

(JPG)

Time Europe


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