La vie privée des politiques a une influence sur le pouvoir. De quoi se pencher sur la question, selon les deux journalistes auteurs du livre Sexus politicus. Pas si facile, pourtant, d’échapper à l’anecdotique en poussant la réflexion jusqu’au bout.
Christophe Deloire, journaliste au Point, et Christophe Dubois, du Parisien, auteurs de Sexus Politicus
Mettre au jour les liens entre pouvoir et libido, sans verser dans le people ni l’anecdotique. Voilà le défi que les auteurs de Sexus Politicus s’étaient fixé.
Christophe Deloire et Christophe Dubois sont journalistes, l’un au Point et l’autre au Parisien. Avec ce nouvel essai, ils ont voulu poursuivre la veine investigatrice de leurs précédents ouvrages, L’enquête sabotée sur la Corse et Les Islamistes sont toujours là. Malgré l’apparente superficialité de ce nouveau sujet.
L’idée a surgi en 2004. A la suite de l’affaire Ambiel, ce conseiller de Jean-Pierre Raffarin surpris avec une prostituée mineure. Franz-Olivier Giesbert, patron du Point, suggère alors à un membre de la rédaction un article sur « Les polissons de la République ». Le rédacteur refuse ce sujet trop « vie privée ». Christophe Deloire se propose alors pour le remplacer. Il en fera le thème de son futur essai. La vie intime des politiques serait en effet, selon le journaliste, un domaine « très surveillé par l’Etat ». En tous cas, si l’on se fie aux notes de renseignements. Donc un sujet à creuser.
Intéresser ceux que la politique n’intéresse pas
Les auteurs pensent avoir évité l’écueil du trash. La preuve : malgré la loi Pompidou sur la vie privée, aucun de leurs interlocuteurs ne leur a intenté de procès. Pour eux, cela tient à la méthode. Les deux journalistes se targuent d’avoir respecté leurs interlocuteurs. Autrement dit, de leur avoir fait relire leurs citations, et d’avoir respecté l’anonymat de certains. « Ils nous parlaient de sexe parce qu’ils aimaient ça », affirme Christophe Deloire.
Conclusion des enquêteurs ? En France les secrets de vie privée peuvent servir à parvenir à un poste ou à « pourrir un adversaire du même bord » car « les révélations se font au sein d’un même parti. » Mais par la voie des renseignements et de la délation, pas celle de la presse comme dans les pays anglo-saxons. Autre leçon : « le modèle du très haut dirigeant français, c’est un homme hétérosexuel. »
Le tout raconté sur un ton léger. « On s’adresse à ceux que la politique intéresse mais aussi aux autres », souligne Christophe Dubois. Ce qui implique de porter une grande attention à la présentation. De raconter des scènes. « Tout en évitant d’être récupéré par la presse people », rappellent les auteurs.
Les bonnes feuilles ont illico été publiées par Voici et VSD. Apparemment, la mission a échoué.