D’où est venue l’idée de faire se rencontrer physiquement des blogueurs ?

Versac : A l’origine, il y a Lieu commun, une sorte d’annuaire de blogs économiques, juridiques et politiques qui partagent une certaine éthique du débat sans orientation politique. On voulait prolonger les relations qu’on avait développées. Il existait déjà Paris Carnet dans cette idée qui était plus une réunion de blogueurs de longue date et de pros du web. Un jour, en mai, j’ai posté un billet sur mon site et créé un wiki (site modifiable pour des internautes, NdR) pour que les gens s’inscrivent et ça s’est fait tout seul. Le 27 juin, au Pavillon Baltard, on était une soixantaine.

La blogosphère, c’est le lieu de l’improvisation par excellence

Versac

  Quel est l’intérêt de ces soirées ?

Boire un verre, discuter, rencontrer des blogueurs... C’est rien de plus qu’une sorte de cocktail ! Certains viennent en bande, par parti politique ou par groupe de blogs comme les Freemens [1]. D’autres, comme moi, pour voir des gens qu’on connaît. Mais au final, tout le monde se parle et on se mélange.

  Comment interprétez-vous la venue de personnalités politiques ?

Le phénomène des blogs intrigue les partis qui y voient un renouvellement de l’expression politique. Pour la République des Blogs, c’est essentiel de souligner qui est venu : Corinne Lepage, Dominique Voynet et François Bayrou. Ils sont tous plus ou moins centristes. Or justement, la blogosphère politique, avec sa liberté de débat et le « décloisonnement » par rapport aux partis, amène à une survalorisation des attitudes centristes. Bloguer, c’est revendiquer sa capacité à se forger un jugement de façon autonome.

  Est-ce que vous ne craignez pas avec ces « cocktails de blogueurs » une dérive un peu mondaine des Républiques des Blogs ?

Bien sûr il y a parfois de l’admiration, de l’obséquiosité ou de la violence dans les échanges. Mais ce ne sont que des dérives sociales habituelles. Quand on voit pour de vrai Maître Eolas, qui écrit des billets hyper brillants et qui a 5500 visites par jour, forcément on est intimidé. Ça n’empêche pas les gens de dialoguer et de se rencontrer.

  Certains s’étaient plaints à la deuxième République des blogs du nombre de caméras. Que pensez-vous de la médiatisation de ces événements ?

Ca aussi c’est inévitable. En 2005, les médias ont complètement loupé le phénomène d’expression individuelle sur le net dans la campagne pour le référendum. Ils ne veulent pas faire deux fois la même erreur. Mais cette présence n’influence pas l’événement ni la blogosphère en général. Il n’est que le relais d’un mouvement.

  Comment vont évoluer les rendez-vous ?

A la dernière République on était une centaine [2]. L’occupation des sols commence à devenir un problème. La bière est un peu chère et l’orchestre manouche joue trop fort ! On va donc peut-être changer de lieu pour commencer. Sur la forme, il y a plein de possibilités. Avec l’approche de la présidentielle, on a pensé à une formule assise avec un candidat avec lequel on débattrait librement. Il y a aussi l’idée des « bar camps » qui marche bien aux Etats-Unis. On réserve un lieu où on pose un grand tableau. Chacun vient écrire son idée et dit « moi, je veux faire ça ». Les projets démarrent sur place, avec ceux qui veulent s’y joindre. Chacun apporte quelque chose. La direction qu’on va prendre dépendra du succès des prochaines Républiques. Quoiqu’on fasse, on devra le faire en fonction de ce qui va se passer. La blogosphère, c’est le lieu de l’improvisation par excellence.

Pour en savoir plus :
  le blog de Versac, renouvelé à une cadence efréinée !
  le site de la République des Blogs bien sûr, pour retrouver les infos sur les prochains rendez-vous. Les inscriptions sont déjà ouvertes pour la prochaine soirée qui se déroulera le mercredi 29 novembre, à partir de 19 heures au Pavillon Baltard à Paris, juste ici.