Fabien Barthez va pouvoir jeter sa boule à zéro au fond de sa cage. Cet été, malgré la coupe du Monde de foot, son crâne d’œuf passera inaperçu. Car le sinciput le plus lorgné, examiné, reluqué, bref maté, d’Europe appartiendra à Harry Roselmack, 33 ans. Un journaliste qui dispose, depuis son enfance antillaise, d’une boîte crânienne...noire.
Les Français ont appris qu’un noir deviendrait la doublure de PPDA sur TF1. « La télé apprend la couleur », « Harry, ses amis lui veulent du bien »... Lors de l’annonce de ce « tremblement de terre », les folliculaires se sont livrés à une surenchère de clichés.
Ils étaient contents, les journalistes, de mettre en avant les pommettes d’ébène et les dents blanches de Harry. Leur ami, leur collègue, leur confrère exemplaire. Ses compétences sont reconnues. Et sa promotion témoigne d’un progrès des mentalités. Alors pourquoi ce poing persistant au creux de la tête, que même une symphonie d’éloges ne peut déloger ?
Parce qu’on constate que France 2 traîne des babouches quand TF1, pragmatique, a bien compris l’intérêt d’une telle greffe pour son image.
Parce que les journalistes, qui devraient avoir un micro acéré, n’ont cessé de s’auto congratuler alors que les quelque 30 000 cartes de presse en circulation sont accaparées par des blancs, issus des classes moyennes et ayant fait des études supérieures.
Parce qu’on n’admet pas que la présence d’un antillais à la télé soit une telle performance. Si Harry apparaissait en costume traditionnel et avec des bananes accrochées aux oreilles peut-être. Mais non ! Il porte chemise et tient stylo comme tout bon occidental...
Surtout parce qu’il y a une grande hypocrisie à faire d’un Antillais le symbole de l’intégration réussie.
Ne jouons plus. Pas d’arabe au JT. Pas de vrai progrès des mentalités.