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Une révolte en si majeur (par Guillaume Rathelot)

par La Rédaction.
Article publié le dimanche 5 mars 2006.
 
Que s’est-il passé avant. A partir d’une photo, imaginer la chaîne d’événements ayant conduit à cette situation. Cycle : un violon flotte à côté de la tête d’un nageur.

Imaginez une ligue féministe isolée qui répand la terreur partout où ses représentantes passent. Harcelant, agressant, voire assassinant des hommes, sans distinction, qu’ils soient de vieux machos rongés par la frustration ou de simples pères au foyer, vous ou moi. Eh bien la guerre des sexes est lancée... chez des instruments de musique. Et pour de bon. Elle ne concerne pour l’instant que les violons et les violoncelles. Les premiers sont à l’origine d’une révolte sans précédent, initiée par une minorité, pour de simples raisons anatomiques. Vexés de ne pas avoir une pointe leur permettant de toucher terre, comme leurs soeurs violoncelles, ils n’ont trouvé d’autre réplique que le sabotage. Un motif somme toute facile à comprendre : parions que vous ne supporteriez pas longtemps d’avoir les pieds coupés et d’être obligé de voyager de bras en bras.

“Tout a commencé il y a deux mois en République Tchèque. Pendant la répétition d’un concert à l’opéra de Brno, les violons ont simplement refusé de jouer juste. La protestation des musiciens n’a rien changé. Les violoncelles n’ont rien vu venir. Les trois quarts ont eu les pointes cassées. Le concert a été annulé”, raconte Jean de la Turlutte, luthier parisien réputé pour suturer les pointes rompues. Les experts, eux non plus, n’avaient rien prévu de tel. Si la révolte paraît spontanée, elle semble néanmoins masquer des années, voire des siècles de mal-être chez les violons.

On aurait pu en rester là, mais l’incident de Brno a fait tache d’huile à une vitesse surréaliste, prenant des proportions déraisonnées. L’Europe entière se posait en victime trois jours plus tard. Et en un mois, des annulations de concerts ont été recensées des Etats-Unis à l’Australie, en passant par l’Afrique du Sud. Bien plus grave : cette guerre a tué un innocent la semaine dernière. Un Philippin de 28 ans, en croisière sur la Baltique, a été décapité par le violoncelle d’un Finlandais ; celui-ci tentait d’échapper à ses cousins qui avaient embarqué sur le ferry avec la mission de lui faire boire la tasse salée, sentence fatale pour l’acoustique de l’instrument à cordes. Dans la confusion, la pointe du violoncelle a tranché net la tête du touriste, alors qu’il regardait en paix le large. La tête et l’instrument ont été retrouvés trois heures plus tard, flottant près des cotes allemandes.

Pour les violoncelles, pris de cours par ces événements, c’est l’hécatombe. Cinq à six cents ont été mis hors services. Wan Kong Yeul, célèbre violoncelliste sud-coréen est abattu. “Je n’en reviens pas. Mes huit instruments ont subi des dégâts. Cordes sectionnées, volutes défigurées... Pour trois d’entre eux, la pointe pendait et ne tenait plus que grâce à un infime fil d’ébène”, s’épouvante-t-il. En fait, d’après les spécialistes, les violoncelles connaissaient le mal-être des violons mais ne s’attendaient pas à une réaction si rapide et spontanée, encore moins à ces expéditions punitives. D’autant qu’ils ne sauraient être portés responsables de leur mode de vie “terrestre” dû à leur anatomie et cette excroissance sous leur caisse. “On ne choisit pas son anatomie, justifie Thomas Chevalet, expert en violoncelles. Je ressens beaucoup de nervosité dans mon atelier”, ajoute-t-il. Une plainte semble d’ailleurs s’échapper de son hangar, épargné par la boucherie, où son stockés des dizaines d’instruments. Comme s’ils jouaient une note grave, langoureuse, continue et chargée d’un sentiment de revanche.

Bertosz Kovacs, président du syndicat international des luthiers, craint le pire. “Vous croyez vraiment qu’on va en rester là ? Foutaises ! L’âme des violons est faite d’épicéa alors que celle de violoncelles est en pin, un bois plus robuste, plus méchant si j’ose dire : par exemple, au Moyen Âge, le roman de chevalerie l’associait à l’immortalité. Et à l’ère grecque, des couronnes de pin récompensaient les vainqueurs des Jeux de Corinthe. Je ne serais donc pas étonné que les violoncelles, portés par leur âme, se liguent, se rebellent pour avoir le dernier mot”. Des représailles ? Sans doute. A grands coups de pieds...


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